Une voiture emblématique de la Belle Époque à restaurer
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Une voiture emblématique de la Belle Époque à restaurer
En gare de Pont-Érambourg, au cœur de la Suisse Normande, à la frontière des départements de l’Orne et du Calvados, est garée une voiture à essieux et fourgon construite en 1923. La raison de la présentation de cette voiture sur ce site est que sa conception est inspirée de celle des voitures du service circulaire de la Petite Ceinture mises en service entre 1896 et 1899. D’une manière plus générale, cette voiture est aujourd’hui l’une des rares voitures préservées en France qui représente le matériel des trains de banlieue et des omnibus de la Belle Époque. À ce titre, en plus d’appartenir au patrimoine ferroviaire, elle appartient au patrimoine ethnographique car elle constitue un témoignage précieux de la vie quotidienne de nos ancêtres, tant dans les grands centres urbains que dans les campagnes.
Le vélorail des collines normandes
Cette voiture appartient aujourd’hui à la collection du dépôt-musée de Pont-Érambourg géré par l’ACF (Amicale pour la mise en valeur de la voie ferrée de Caen à Flers), une association qui milite pour la réouverture d’un transport régional de voyageurs sur la ligne reliant Caen à Flers. L’ACF anime également le vélorail des collines normandes. Le parcours grâce à ce vélorail de 6,5 kilomètres de la ligne Caen-Flers vaut le détour, car il permet de plonger dans les paysages verdoyants et très calmes de la Suisse Normande. Tous les détails de l’utilisation de ce vélorail figurent sur le site de l’ACF.
Les principales caractéristiques de cette voiture
Tout d’abord revenons sur la naissance de cette voiture. Elle est construite en 1923 à Périgueux dans les usines L. Lavie, à la demande de la Compagnie des Chemins de fer de l’État qui souhaite alors enrichir son parc de matériel pour les omnibus à petits parcours. Elle fait partie d’une série de 160 véhicules répartis entre les 3 classes [1] :
- 16 voitures de 1re classe,
- 32 voitures de 2e classe,
- 104 voitures de 3e classe,
Elle comporte à l’origine 4 compartiments de 3e classe et un fourgon. Ce fourgon est équipé de deux vitres, dont l’une est occultée aujourd’hui, et d’un frein à vis. Grâce à ces équipements, le conducteur présent dans le fourgon pendant la marche du train peut serrer le frein en cas d’urgence. Par exemple, en cas de dysfonctionnement du système de freinage à vide Westinghouse, alimenté en air comprimé par un compresseur installé sur la locomotive à vapeur. Dans la codification des chemins de fer français, la présence de 4 compartiments de 3e classe (C), d’un fourgon (D) comportant un frein (f) permet de qualifier cette voiture de C4Df. Cette voiture étant prévue pour des omnibus à petits parcours, elle ne comporte pas de cabinet de toilette.
Le châssis métallique est encore équipé du cadre qui supportait un coffre à batteries d’accumulateurs. Ces accumulateurs étaient rechargés au moyen d’une dynamo reliée à l’essieu le plus proche du coffre par une courroie d’entraînement.
Les éléments du système de freinage Westinghouse, comme la tuyauterie, les robinets et le réservoir d’air comprimé, sont toujours présents.
Diverses inscriptions peintes, ainsi que des plaques indiquant respectivement le constructeur, le lieu, la date de construction et le commanditaire, sont présents sur le châssis.
La structure de la caisse semble être en chêne. Elle est recouverte sur les faces latérales extérieurement de panneaux de tôles et intérieurement de frises en bois. Un parquet couvre le plancher. Le toit en bois, bien qu’en mauvais état, garde encore les traces des trous circulaires des anciennes lampes.
Les cloisons de séparation des compartiments et les banquettes, toutes en bois, ont disparu.
La tare de cette voiture est de 14 950 kilogrammes.
Une voiture inspirée de celles de la Petite Ceinture
Le dessin de cette voiture reprend celui des voitures commandées en 1899 par la Compagnie des Chemins de l’Ouest pour équiper ses trains de banlieue au départ des gares de Paris-Saint Lazare et Paris-Montparnasse. La Compagnie de l’Ouest a repris elle-même le dessin et les dimensions des voitures ordinaires commandées par le Chemin de fer de Ceinture à la Compagnie des Chemins de fer de l’Est pour équiper les trains du service circulaire de la Petite Ceinture à l’approche de l’Exposition Universelle de 1900, en remplacement des voitures à impériale ouverte et fermée.
Autrement dit, la voiture conservée à Pont-Érambourg s’inscrit dans une généalogie qui remonte aux voitures des trains de la Petite Ceinture que nous présentons ici. L’existence de cette généalogie permet de comprendre pourquoi tant de voitures se ressemblent sur des photographies anciennes, bien qu’appartenant à des compagnies de chemins de fer différentes.
Le risque d’une telle ressemblance est de confondre ces différents modèles de voitures. Les éléments suivants permettent cependant de différencier les voitures Ouest et État des voitures Ceinture :
- Le sens d’ouverture des portières : de la gauche vers la droite sur les voitures Ouest et État, de la droite vers la gauche sur les voitures Ceinture ;
- La présence de marchepieds supérieurs continus sur les voitures Ouest et État, discontinus sur les voitures Ceinture ;
- L’absence de vigie de frein sur les voitures Ouest et État comportant un fourgon, tandis qu’elle est présente sur les voitures Ceinture ;
Différence moins visible sur les photographies que les précédentes, les équipements du châssis (comme les boites d’essieu) du type Ouest/État sur les voitures Ouest et État, du type Est sur les voitures Ceinture.
La fin de carrière de cette voiture
Cette voiture termine probablement sa carrière après la Seconde Guerre Mondiale sur des trains omnibus parcourant de petites lignes de campagne. Puis elle est conservée par la SNCF pour équiper les trains du service de la voie. Elle comporte des inscriptions indiquant qu’elle a été révisée le 7 janvier 1958 et qu’elle a été affectée à la réserve générale à Nantes.
Vers une restauration ?
Souhaitons que cette voiture puisse rapidement être mise à l’abri des intempéries, ce qui améliorerait grandement ses conditions de conservation, et surtout puisse être remise en état pour pouvoir rouler sur un chemin de fer touristique.
Remerciements
Un grand merci aux représentants de l’Amicale pour la mise en valeur de la voie ferrée de Caen à Flers de conserver cette voiture et de nous avoir aimablement autorisé en aoput 2017 à accéder à cette voiture pour prendre les photographies illustrant cet article.
[1] source : site Manche-Océan
Par Petite Ceinture Info le 7 septembre 2017
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