Ouverture au public de tronçons de la Petite Ceinture d’ici 2020 : le saut vers l’inconnu
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Ouverture au public de tronçons de la Petite Ceinture d’ici 2020 : le saut vers l’inconnu
Pendant le dernier trimestre de l’année 2017, la Ville de Paris a publié deux avis de marché public concernant des travaux d’aménagement sur des tronçons de la Petite Ceinture dans les 12e, 14e, 17e et 20e arrondissements. Ces travaux concernent le génie civil, la serrurerie, la mise en peinture d’ouvrages d’art (en l’occurrence des ponts) et l’installation d’escaliers métalliques. Ces travaux préparent l’ouverture au public de ces tronçons annoncée par la Ville de Paris pour 2018 dans les 14e, 17e et 20e arrondissements et pour 2019 dans le 12e arrondissement.
La clôture de ces marchés publics a été suivie du dépôt de deux permis d’aménager : un premier permis déposé en décembre 2017 pour les tronçons des 14e, 17e et 20e arrondissements, puis un second permis déposé en janvier 2018 pour le tronçon du 12e arrondissement. Les descriptions de ces permis d’aménager sont accessibles sur la carte des demandes et autorisations d’urbanisme disponible sur le site de la Ville de Paris.
Quel est le contexte du lancement de ces travaux d’aménagement et en quoi consistent-ils ? Voici les deux principales questions auxquelles nous vous proposons de répondre dans cet article.
Un contexte marqué par des dynamiques contradictoires
Deux catégories de dynamiques animent aujourd’hui la vie de la Petite Ceinture : la première est liée aux projets portés par la Ville de Paris et SNCF Immobilier dans le cadre du protocole de 2015 (ce protocole est présenté ici), tandis que la seconde est extérieure à ces projets et subie. Dans la première catégorie nous plaçons les objectifs de valorisation économique et de densification urbaine. Dans la seconde catégorie figurent l’émergence d’un rôle de refuge pour des personnes sans abri et l’explosion des incivilités. Étudions à présent ces dynamiques en détail.
Une valorisation économique contrariée
Le projet présenté par la Ville de Paris et la SNCF dans le protocole-cadre de 2015 consiste à penser la Petite Ceinture comme un espace de développement économique situé à l’intérieur des limites de la Capitale. La Petite Ceinture, à l’instar des infrastructures ferroviaires et fluviales, représente pour la Ville de Paris une frontière intérieure qu’il s’agit d’ouvrir au public et valoriser économiquement. L’opération Paris-Plages réalisée sur les berges de la Seine illustre déjà cette approche. Pour pourvoir réussir, ce projet de « reconquête, terme employé par la Ville de Paris pour désigner ses projets concernant la Petite Ceinture », nécessite de valoriser des espaces de la ligne. Aujourd’hui, ces espaces sont valorisés essentiellement par les redevances perçues par la SNCF pour l’usage des câbles de fibre optique qui parcourent la ligne depuis une quinzaine d’années et pour la location des quais d’anciennes gares, comme celle de la porte de Clignancourt.
À cette fin de valorisation, l’agence ABCD, mandatée par la Ville de Paris et la SNCF, a réalisé dès l’automne 2015 une estimation des ressources externes pouvant être générées par des redevances d’occupation, à titre éphémère (événementiel) ou à titre temporaire sur des durées variables (conventions d’occupation temporaire annuelles ou sur plusieurs années, en fonction des activités proposées et des investissements portés par les porteurs de projet ou entreprises). ABCD a pris en compte six grandes catégories d’espaces pouvant générer des recettes extérieures :
- Gares (essentiellement, gare d’Avron et gare du Cours de Vincennes, dans le 20e arrondissement) ;
- Quais existants (espaces ouverts) ;
- Bâtiments annexes existants dont une grande part fait l’objet de Convention d’Occupation Temporaire actuellement mais qui peuvent être progressivement affectés à de nouveaux usages plus intéressants pour le projet et plus rémunérateurs ;
- Entrées de tunnels (événementiel) ;
- Sites stratégiques (une demi-douzaine identifiés dont site des Buttes-Chaumont, secteur Flèche d’Or, 1 rue Florian, quais contrebas du Parc Georges Brassens, etc.) ;
- Mise en place de petits équipements d’activités/loisirs (pop-up stores-NLDR : magasins éphémères : structures légères et démontables).
ABCD estimait à l’époque les recettes annuelles pouvant être espérées comprises entre 1 million d’Euros pour l’année 2017 et 3 à 4 million d’Euros par an pendant la période 2018-2020. À terme, ABCD estimait que ces montants pourraient encore être accrus de 1 million d’Euros par an.
Qu’en est-il aujourd’hui (deux ans plus tard) ?
Les gares citées par ABCD (rue d’Avron et Cours de Vincennes) ne sont toujours pas exploitées commercialement. Aucun projet n’a même été annoncé. Les gares aujourd’hui ouvertes ou qui vont ouvrir en 2018 (Le Hasard Ludique, La Recyclerie, La Gare-Jazz et le Poinçon) sont des projets lancés avant l’élaboration du protocole de 2015 et qui montrent que le processus de transformation d’une gare de la Petite Ceinture en équipement commercial prend plusieurs années.
Le hangar de la rue Curial, longtemps occupé par des entreprises, a été transformé afin d’être loué pour des évènements.
À l’automne 2017, des appels à projet ont été lancés pour les tunnels de Vaugirard (Réinventer Paris - Les dessous de Paris) et de la rue Friant (Parisculteurs Saison 2).
[Mise à jour du 2 mars 2018] Le tunnel de Vaugirard fait partie des cinq sites « déclarés infructueux, certains d’entre eux n’ayant reçu aucune proposition, d’autres seulement une ou deux ». Autrement dit, aucun projet n’est prévu pour ce tunnel dans le cadre de l’appel à projets Réinventer Paris. Des manifestations d’intérêt sont encore attendues pour la gare des Gobelins, site pour lequel le calendrier de l’appel à projet a été adapté, indique le communiqué de presse de la Ville de Paris.
Quant au tunnel de la rue Friant, il fait partie des neuf sites relancés du 15 janvier au 12 février 2018.
Par conséquent, par rapport aux objectifs économiques annoncés par ABCD, le bilan actuel est faible et la valorisation difficile.
Une politique de densification urbaine affirmée
L’autre approche utilisée pour valoriser économiquement la Petite Ceinture dans le cadre de ce projet de « reconquête » est de construire de bâtiments sur des surlargeurs de la plate-forme à deux voies ferrées de la ligne. Cette approche est illustrée par les projets « Réalimenter Masséna » (13e) et « la Ferme du Rail » (19e). Ces constructions entraînent la réduction de la surface des emprises de la Petite Ceinture et la destruction de la biodiversité existante sur ces surfaces. Elles entraînent de fait une densification urbaine.
Le projet le plus important de densification urbaine concernant aujourd’hui la Petite Ceinture est celui de la ZAC Bercy-Charenton qui consiste à construire des tours à la place de la gare aux marchandises de La Rapée-Bercy et de dévier les voies de la Petite Ceinture. Un projet qui suscite le scepticisme sur la réelle volonté de la SNCF et de la Ville de Paris de maintenir la continuité de la Petite Ceinture et surtout sur la réelle prise en compte de leur part de la transition énergétique contrainte actuelle.
Des campements de plus en plus nombreux
Signe de la dégradation de la situation économique et sociale, un phénomène majeur est apparu depuis 2014 sur la Petite Ceinture : l’augmentation sans précédent du nombre de personnes sans abri qui y vivent. Un campement comptant fin 2017 environ 350 personnes, hommes, femmes et enfants, est apparu sur la section Nord de la Petite Ceinture, entre les portes de La Chapelle et des Poissonniers. Les expulsions annuelles n’ont jusqu’à présent pas empêché à chaque fois sa rapide reformation. La dernière expulsion date de novembre 2017. Le film ci-dessous montre l’ampleur de ce campement et des travaux de nettoyage de la plate-forme de la Petite Ceinture réalisés en novembre et décembre 2017 à la suite de l’expulsion de ses habitants.
Le phénomène ne s’arrête pas là, car des campements plus petits sont apparus depuis 2016 sur d’autres tronçons de la Petite Ceinture, comme le tunnel de la rue Pouchet (17e), la tranchée du boulevard Pereire (17e) et le pont de l’avenue Jean Moulin (14e). Or ces deux derniers sites sont concernés par les travaux d’ouverture au public prévus par la Ville d’ici 2020. Enfin, à ces campements regroupant quelques dizaines de personnes, il faut encore ajouter des personnes isolées ou en petits groupes (deux ou trois tentes) qui s’installent régulièrement sur la Petite Ceinture.
Le grand attrait que la Petite Ceinture représente pour des personnes sans abri s’explique par le fait qu’elle est un « grand ouvrage d’art » (ponts, tunnels, tranchées, viaducs, talus) – voir l’étude de l’APUR de novembre 105 (page 19) – qui présente par conséquent beaucoup de lieux invisibles depuis la voirie. Cette configuration de la Petite Ceinture est liée à sa nature ferroviaire : elle traverse en pente douce les nombreuses collines et vallées parisiennes et elle a été exploitée sans passage à niveau. Environ la moitié des 23 kilomètres Sud, Est et Nord de la Petite Ceinture sont en tunnel ou en tranchée profonde encadrée de tunnels.
Cette situation est confirmée par le responsable du Département des actions préventives et des publics vulnérables à la Mairie de Paris dans le film « La Petite Ceinture refuge » : « La Petite Ceinture est un peu cachée, un peu planquée. Il y a des recoins et beaucoup de ponts, beaucoup d’ouvrages d’art. C’est donc extrêmement tentant pour les personnes sans abri de venir s’y réfugier. Il y a un gros travail de veille à faire pour les parties qui vont être ouvertes aux Parisiens. » L’interview complète est à découvrir dans la séquence qui suit :
Dans une seconde séquence de ce film, le responsable de la Mission SDF à la Mairie de Paris déclare quant à lui : « Sur la Petite Ceinture, on a autant d’ouvrages [...] c’est à dire de ponts, de coins et de recoins que sur le Périphérique. [...] La SNCF a autant de procédures d’expulsions engagées que la Ville de Paris pour un territoire comme le Périphérique et les berges de Seine. C’est à dire que la prégnance du phénomène des sans abris sur la Petite Ceinture est très importante. C’est un travail sans fin [...] surtout que la sécurisation est quasiment impossible. Il est clair que c’est l’utilisation des espaces par les riverains, par des associations, etc., qui peut permettre de juguler ou de contenir le phénomène. Les zones aujourd’hui abandonnées vont être occupées de façon quasi-systématique et illicite. » L’interview complète est à découvrir dans la séquence qui suit :
Par application des conventions de superposition d’affectation pour les parties de la Petite Ceinture ouvertes au service ferroviaire et des conventions de transfert de gestion pour les parties fermées à ce service (voir les explications à ce sujet sur notre site), ce sont les services techniques de la Ville qui interviennent désormais pour l’entretien courant (grilles, portes et escaliers d’accès, nettoyage, surveillance et sécurité), à l’exception aujourd’hui du tronçon du 18e arrondissement. La séquence suivante montre en images ces actions dans le 14e arrondissement :
En février 2018, la présence de campements sur la Petite Ceinture est un phénomène toujours d’actualité, puisqu’un campement présent sous le pont de la rue de Saussure, dans le 17e arrondissement, a été expulsé début février 2018 comme le montrent les images ci-dessous. Ce campement est situé sur l’un des tronçons concernés par l’ouverture au public d’ici 2020. Ces images montrent d’ailleurs que l’escalier métallique installé en 2016 a servi de moyen d’accès au campement pour ses habitants.
Satisfait de l’éviction du campement illégal sur la petite Ceinture #Pereire #Saussure que j’exigeais depuis novembre. Nettoyage à venir par @nexity. Je est vigilant. Merci aux équipes @prefpolice @SNCFReseau et @Paris #paris17 @Mairie17 pic.twitter.com/hNUVyvnfbb
— Geoffroy Boulard (@geoffroyboulard) 13 février 2018
L’installation de campements sur la Petite Ceinture est, comme on peut le constater, un problème majeur et difficile à endiguer, qui pèse sur l’ouverture au public de nouveaux tronçons de la Petite Ceinture. Mais malheureusement ce n’est pas le seul.
Des incivilités et du vandalisme en forte hausse
La question des incivilités commises sur la plate-forme de la Petite Ceinture, même si elle existe depuis plusieurs années, apparaît dans le débat public en 2016 du fait d’une forte augmentation de leur nombre, que ce soit sur des tronçons déjà ouverts au public ou non.
Ainsi, lors de la réunion de présentation du chantier participatif du 12e arrondissement organisée le 29 septembre 2016, des intervenants, riverains de la ligne dans le quartier de la rue du Sahel, se plaignent du lancer de ballast depuis la plate-forme de la Petite Ceinture vers les immeubles et les véhicules avoisinants, sur une section aujourd’hui non ouverte au public. Dans le même secteur, des barrières hautes ont été installées durant l’été 2017 le long de l’hôpital Trousseau, à la hauteur de la Villa du Bel-Air, et le long de la résidence Bel-Air, à la hauteur du square Charles Péguy. Une installation qui modifie l’aspect du paysage (voir les images ci-dessous).
Le problème des incivilités et du vandalisme survient également désormais sur la promenade déjà ouverte du 15e arrondissement (lire à ce sujet cet article du quotidien 20 Minutes). Là-aussi, les riverains se plaignent de nuisances sonores et de jets de cailloux dans leurs vitres. La ville de Paris se dit contre le principe de retirer le ballast de la Petite Ceinture ou d’installer des grillages de plus grande hauteur dans ce secteur, « pour ne pas dénaturer le site ».
Les riverains ne sont pas les seules victimes de ces actes de vandalisme. Les conteneurs des chantiers participatifs mis en place par la Ville de Paris depuis 2016 pour faire participer les habitants à l’élaboration des aménagements le sont également. Ainsi, les conteneurs de trois des quatre chantiers participatifs (dans les 19e, 20e et 12e arrondissements) démarrés en 2016 voient leurs vitres caillassées, entraînant leur remplacement par des planches de bois. Certains de ces conteneurs ont même été enlevés en 2017 de la plate-forme de la Petite Ceinture. Le vandalisme touche également les équipements réalisés sur place dans le cadre de ces chantiers participatifs.
Ce phénomène de vandalisme, d’une ampleur non prévue par la Ville, fait dire à Jean-Christophe Choblet, directeur de mission de l’espace public à la Mairie de Paris depuis mai 2014, en charge des projets d’aménagement des places parisiennes et de la Petite Ceinture, dans une interview donnée à l’hebdomadaire Télérama début janvier 2018 : « C’est violent… On n’est pas les bienvenus, et ça me pose vraiment question. »
Dernier exemple en date de ce vandalisme, les portails posés fin janvier 2018 par la SNCF pour fermer les entrées des deux longs tunnels (plus d’un kilomètre de longueur chacun) de l’Est parisien, dans les 19e et 20e arrondissements. À peine un mois plus tard, des barreaux de ces portails sont déjà découpés, comme on peut le constater sur les photographies suivantes !
Le fait que ces incivilités interviennent autant sur des tronçons déjà ouverts que sur des tronçons fermés au public montre que ce problème est global à l’ensemble de la Petite Ceinture. La question de son lien avec la fréquentation du site est par ailleurs posée. Les campagnes de communication réalisées par la Ville de Paris à intervalles réguliers ces dernières années sur l’ouverture au public de tronçons de la Petite Ceinture et la plus grande facilité de diffusion de l’information permise par les réseaux sociaux, entraînent à certaines périodes une forte augmentation de la fréquentation de la ligne, comme le montrent les images ci-dessous. On y voit des personnes se promenant dans la tranchée du parc Montsouris, fermée au public, pendant les portes ouvertes organisées par la Ville de Paris les 1 et 2 avril 2017 et concernant uniquement les sites de chantiers participatifs. Autrement dit, la délimitation des espaces autorisés au public pendant ces portes ouvertes n’est pas respectée par une partie des visiteurs. Ce qui veut dire qu’outre la question de l’entretien et de la surveillances des tronçons qui vont être ouverts au public, se pose pour la Ville la question de l’entretien et de la surveillances des tronçons qui resteront fermés, le passage des uns aux autres ne pouvant manifestement pas être empêchés.
Comment à l’avenir la Ville de Paris et la SNCF vont-elles pouvoir juguler ce phénomène d’incivilités et de vandalisme ? Officiellement, tout comme pour la question des campements, la Ville de Paris espère que l’ouverture de tronçons au public d’ici 2020 va permettre de réduire le problème, de - pour reprendre son expression - « favoriser des usages apaisés (conviviaux, de promenade, de jardinage…) ». Vu ce qui s’est passé en 2016 et 2017, l’obtention de cet apaisement est pour la Ville un pari qui est loin d’être gagné.
Par ailleurs, quelle sera la durée de vie des aménagements réalisés par la Ville de Paris face aux dégradations ? Quelle sera la charge de travail générée par la gestion de la Petite Ceinture auprès des services techniques de la Ville qui l’entretiennent et la surveillent ? Cette charge revient désormais à la Ville de Paris : charge budgétaire, mais aussi temps passé par les personnels des services techniques de la Ville, notamment ceux de la DEVE (Direction des Espaces Verts et de l’Environnement) qui s’occupent déjà de l’entretien des espaces verts municipaux. Une charge de travail trop importante causée par la Petite Ceinture risque de perturber la gestion globale des parcs et jardins parisiens et de grever rapidement le budget du projet.
Au final, l’ouverture au public est un projet risqué
L’intervention, dont la vidéo est visible ci-dessous, de Geoffroy Boulard, Maire du 17ᵉ arrondissement, pendant les séances du Conseil de Paris de février 2018, éclaire les contradictions qui agitent le projet d’ouverture au public de tronçons de la Petite Ceinture d’ici 2020. D’un côté, il exprime une volonté d’ouvrir au public le tronçon du 17e arrondissement et d’élargir l’ouverture prévue aux personnes à mobilité réduite (autrement dit installation d’ascenseur car ce tronçon est en tranchée). Mais de l’autre côté, il exprime des craintes concernant des nuisances pour les riverains, l’installation de campements et la surcharge de travail générée pour les personnels de la Ville au détriment de l’entretien des espaces verts de l’arrondissement. Au final, il réalise des demandes respectivement de limitation des dates ou des horaires d’ouverture, de surveillance et de garantie sur les moyens accordés à l’entretien des espaces verts de l’arrondissement.
Des aménagements sur le fil du rasoir
Dans ce contexte économique et social difficile, éloigné de la communication officielle, la Ville de Paris prévoit d’ouvrir au public d’ici 2020 quatre tronçons de la Petite Ceinture. Les tronçons concernés sont désignés par la Ville de la manière suivante :
- Tronçon de la Petite Ceinture du 12e arrondissement : PC12,
- Tronçon de la Petite Ceinture du 14e arrondissement : PC14,
- Tronçon de la Petite Ceinture du 17e arrondissement : PC17,
- Tronçon de la Petite Ceinture du 20e arrondissement : PC20.
Afin de lancer les travaux d’aménagements de ces tronçons à partir de mai 2018, la Ville a publié fin 2017 deux avis de marché publics. L’avis de marché n° 17-159738 (publié le 13/11/2017, date limite de réponse le 19/12/2017) porte sur des travaux d’aménagement de la Petite Ceinture sur les tronçons PC 14, PC 17, PC 20 (génie civil, serrurerie, escaliers métalliques) et PC 12 (escalier métallique) à Paris - en 3 lots séparés (lire le descriptif complet sur cette page.). L’avis de marché n° 17-170919 (publié le 07/12/2017, date limite de réponse le 30/01/2018) porte sur des travaux d’aménagement (génie civil, serrurerie, mise en peinture d’ouvrages d’art) de la Petite Ceinture sur le tronçon PC 12 à Paris - en 3 lots séparés (lire le descriptif détaillé sur cette page.).
Nous allons étudier à présent comment sont conçus les aménagements de ces tronçons dans l’ordre croissant des numéros d’arrondissement.
Tronçon du 12e arrondissement (PC12)
Ce tronçon représente une longueur de 1670 mètres. Il est le plus long des quatre tronçons concernés.
Description générale de l’aménagement
L’aménagement prévu dans le 12e arrondissement est le plus ambitieux des quatre prévus, d’une part du fait de la longueur bien plus importante de ce tronçon, mais surtout à cause de la nécessité de réaliser d’importants travaux respectivement pour l’accès aux piétons et pour la sécurisation du site, la plate-forme de la Petite Ceinture étant le plus souvent située au-dessus du niveau de la voirie, parfois à une hauteur importante. Ce tronçon emprunte plusieurs ponts de la Petite Ceinture au-dessus de la voirie. Il est donc nécessaire de les sécuriser par un réhaussement des gardes-corps et la pose d’un platelage sur les ponts métalliques.
La Ville prévoit d’installer un escalier métallique entre les rues de Montempoivre et du Sahel, du côté extérieur (côté porte de Montempoivre). L’aménagement d’une rampe d’accès utilisable par les personnes en fauteuil roulant est prévu Villa du Bel-Air ainsi qu’une connexion avec le square Charles Péguy. La voie intérieure est recouverte d’une grave entre l’avenue de Saint-Mandé et l’avenue Daumesnil, ce qui permet la circulation des personnes en fauteuil roulant entre la Villa du Bel-Air et le square Charles Péguy. Du côté de l’ancienne station de la rue Claude Decaen, deux accès sont prévus : un accès rue des Meuniers, côté intérieur et au pied de la passerelle, l’autre accès empruntant l’escalier de l’ancienne station de la rue Claude Decaen. La Ville de Paris n’envisage pas d’installer d’ascenseur pour des raisons de coûts d’installation et de maintenance (voir dans l’article de 20 Minutes de janvier 2017 consacré au vandalisme sur le tronçon aménagé du 15e le coût de maintenance en 2015 : 30 000 Euros/an).
Outre ces accès piétons, la création d’une rampe d’accès à la plate-forme de la Petite Ceinture depuis la Villa du Bel-Air pour les véhicules du chantier est également prévue (voir ci-dessous).
Détails des clôtures et des escaliers
Au Sud, du côté de la porte de Charenton, un portail posé il y a plusieurs années par la SNCF sous le pont de la rue de Charenton ferme la promenade. Au Nord, du côté de l’avenue de Saint-Mandé, il est prévu de poser un portail et une clôture du même type que ceux prévus pour les autres tronçons (voir ci-dessous l’exemple du tronçon du 14e arrondissement). Le portail permet la circulation d’engins ferroviaires sur la voie extérieure. Cette clôture ne représente pas un obstacle très dur à franchir, sa hauteur étant relativement faible. Les questions sur la gestion des problèmes d’installation de campements et plus généralement de fréquentation des tronçons fermés au public méritent donc toujours d’être posées.
Du fait que la plate-forme de la Petite Ceinture est en hauteur par rapport à la voirie sur la majeure partie de la longueur du tronçon, la pose de gardes-corps est indispensable pour l’ouverture au public. Cette pose risque cependant de modifier négativement la perspective, comme c’est le cas déjà sur le tronçon ouvert au public. Certains assimileront ces aménagements à une « normalisation », comme cela fut déjà le cas dans le 15e arrondissement.
Voici une vue des aménagements, présentée sur le site de la Mairie du 12e arrondissement.
Cet aménagement ressemble beaucoup à celui déjà réalisé dans le 15e arrondissement. Il pose la question du maintien de la végétation actuelle. Souvenons-nous que dans le 15e, les travaux d’aménagement ont commencé par la coupe d’un nombre importants d’arbres. Même si ceux-ci ont été remplacés par d’autres essences, la conséquence en fut une modification du paysage. Vous pouvez découvrir dans le film ci-dessous la végétation présente avant le début de ces travaux sur le site de la station de la Rue Claude Decaen.
Réunion publique d’information du 9 avril 2018
La Mairie du 12e a organisé une réunion publique d’information concernant le projet d’aménagement de la Petite Ceinture dans le 12e arrondissement le lundi 9 avril 2018.
L’ordre du jour de cette réunion était est le suivant :
- Modalités d’ouverture au public grâce aux travaux prévus en 2018, sur la petite ceinture et en particulier sur la petite ceinture du 12e ;
- Articulation entre les travaux de la petite ceinture du 12e d’accès/mise en sécurité (Ville) et les micro-aménagements d’usage (Ceinturama) ;
- Déroulé des interventions de co-conception, puis de travaux : calendrier d’avancement sur l’ensemble de l’année 2018 et 1er semestre 2019, impacts sur la petite ceinture et les quartiers environnants ;
- Échanges avec la salle.
Voici un enregistrement audio de cette réunion. Pour des raisons techniques, nous n’avons pas pu enregistrer les 20 dernières minutes de la réunion, mais cet enregistrement illustre bien le fait que de nombreux riverains ont exprimé des inquiétudes durant cette réunion. Ces inquiétudes, comme on peut l’entendre, sont basées sur des évènements survenus ces derniers mois.
Voici les deux parties de la présentation effectuée par les services de la Ville lors de cette réunion.
Lire également l’article du Parisien du 10 avril 2018 qui rend compte de cette réunion.
Tronçon du 14e arrondissement (PC14)
Ce tronçon représente une longueur de 746 mètres. Il est compris entre la rue Didot à l’Ouest et le bâtiment des voyageurs de la station Montrouge-Ceinture, à la hauteur de la porte d’Orléans, à l’Est. Il est situé intégralement en tranchée.
Voici quelques vues du paysage actuel de cette tranchée très verdoyante. Les ponts-routes en pierre sont l’une des caractéristiques principales de la Petite Ceinture Rive Gauche. La Petite Ceinture a été mise à voie unique vers 1950, alors que le trafic de marchandises sur cette section ne nécessitait plus le maintien d’une deuxième voie.
La partie Est du tronçon, située du côté de la porte d’Orléans entre la rue Friant et l’avenue du Général Leclerc est en tunnel, du fait de la construction récente d’immeubles au-dessus de la tranchée de la Petite Ceinture. Cette section est longue d’environ 130 mètres. L’accès du public aux quais de l’ancienne station de Montrouge-Ceinture ne devrait pas être ouvert, ceux-ci faisant l’objet d’un appel à projet pour de l’agriculture urbaine.
Description générale de l’aménagement
L’aménagement prévu est très léger. Il consiste essentiellement à installer un escalier rue Didot et à rénover deux escaliers : un escalier de service de la SNCF avenue Jean Moulin et l’escalier du quai extérieur de la station de Montrouge-Ceinture accessible depuis la rue de Coulmiers (voir le plan de masse ci-dessous). La Ville de Paris n’envisage pas d’installer d’ascenseur pour des raisons de coûts d’installation et de maintenance (voir dans l’article de 20 Minutes de janvier 2017 consacré au vandalisme sur le tronçon aménagé du 15e le coût de maintenance en 2015 : 30 000 Euros/an). Ce tronçon, tout comme celui du 17e arrondissement, n’est donc pas accessible aux personnes en fauteuil roulant. Par ailleurs, la voie subsistante sur les deux voies d’origine, la petite Ceinture ayant été mise à voie unique dans ce secteur vers 1950, au temps où un trafic fret était encore exploité, n’est pas recouverte par un platelage, comme cela est le cas sur une partie de la promenade ouverte dans le 15e arrondissement. Aucun garde-corps n’empêche d’approcher des fossés latéraux. Voici les détails du plan de masse de cet aménagement. Au final, hormis l’installation d’escaliers d’accès et de barrières à chaque extrémité du tronçon, le paysage ne devrait pas évoluer. Sauf si de nombreux arbres sont coupés...
Détails des clôtures et des escaliers
Le tronçon est clôturé à ses extrémités par un portail et des barrières métalliques, afin d’empêcher les visiteurs de se promener sur les espaces adjacents fermés au public. Chacune de ces clôtures comprend un portail permettant la circulation d’engins ferroviaires. Côté Est, ces clôtures sont situées sous le pont de l’avenue du Général Leclerc et du bâtiment des voyageurs de la station Montrouge-Ceinture, qui devient le café-restaurant « le Poinçon » dont l’ouverture est prévue en 2018.
Côté Ouest, deux clôtures sont installées : la première sous le pont de la rue Didot et la seconde à l’entrée du tunnel de l’hôpital Broussais, sous l’allée Henry Dunant. L’installation de deux clôtures est sans doute motivée par la présence d’une colonie de chauves-souris (des pipistrelles en l’occurrence, une espèce protégée) qui hibernent dans ce tunnel d’octobre à avril (cliquer ici pour lire un article du Parisien de mai 2012 au sujet de cette colonie).
Voici le modèle de clôture utilisé. En l’occurrence, il s’agit du modèle installé sous le pont de l’avenue du Général Leclerc (côté Est). Comme on le voit sur ce schéma, cette clôture ne représente pas un obstacle très dur à franchir, sa hauteur étant relativement faible ! Les questions sur la gestion des problèmes d’installation de campements et plus généralement de fréquentation des tronçons fermés au public méritent donc toujours d’être posées.
La construction de l’escalier métallique de la rue Didot nécessite la démolition d’une section du mur bas de soutènement. Un poteau, plus haut que les autres, porte un signal ferroviaire (SNCF type A) tourné vers la rue. À la fin des travaux, une fois ce nouvel escalier terminé, il est prévu de démonter l’escalier métallique existant, construit en 2016 pour le chantier participatif de la rue Didot et situé de l’autre côté du pont de la rue Didot.
Préambule à l’ouverture de la Petite Ceinture dans le 14e
Voici une marche exploratoire qui a eu lieu le samedi 5 mai dernier, organisée par le collectif SUD sur le site de la future promenade.
Tronçon du 17e arrondissement (PC17)
Ce tronçon représente une longueur de 713 mètres. Il est compris entre les rues de Saussure et Alphonse de Neuville. Il est situé intégralement en tranchée.
Voici des vues prises en été du paysage actuel de cette tranchée très verdoyante, qui fut utilisée pour du transport de voyageurs jusqu’en 1996.
Description générale de l’aménagement
L’aménagement prévu est très léger. Il consiste essentiellement à installer des escaliers au niveau respectivement des rues de Saussure et de Tocqueville (voir le plan de masse ci-dessous). La Ville de Paris n’envisage pas d’installer d’ascenseur pour des raisons de coûts d’installation et de maintenance (voir dans l’article de 20 Minutes de janvier 2017 consacré au vandalisme sur le tronçon aménagé du 15e le coût de maintenance en 2015 : 30 000 Euros/an). Ce tronçon, tout comme celui du 14e arrondissement, n’est donc pas accessible aux personnes en fauteuil roulant. Entre ces deux escaliers, soit sur environ 250 mètres, il est prévu de recouvrir l’une des deux voies, la voie extérieure, d’une grave afin de faciliter la promenade, comme cela est fait sur le tronçon du 15e arrondissement ouvert au public depuis 2013. Autour de la place Wagram, la voie n’est pas recouverte.
Voici les détails du plan de masse de cet aménagement. Au final, hormis l’installation d’escaliers d’accès, de barrières à chaque extrémité du tronçon et de grave sur l’une des voies sur une partie du tronçon, le paysage ne devrait pas évoluer. Sauf si de nombreux arbres sont coupés...
Détails des clôtures et des escaliers
Le tronçon est clôturé à ses extrémités par un portail et des barrières métalliques, afin d’empêcher les visiteurs de se promener sur les espaces adjacents fermés au public. La clôture située à proximité de la place Wagram comprend un portail permettant la circulation d’engins ferroviaires sur la voie extérieure. Ces clôtures sont situées sous le pont de la rue de Saussure et à proximité de la place Wagram, à la hauteur des numéros 68 et 71bis du boulevard Pereire.
Voici les modèles de clôture utilisés. Comme on le voit sur ce schéma, ces clôtures ne représentent pas des obstacles très durs à franchir, leur hauteur étant relativement faible ! Les questions sur la gestion des problèmes d’installation de campements et plus généralement de fréquentation des tronçons fermés au public méritent donc toujours d’être posées.
Sur les deux escaliers métalliques prévus, un poteau, plus haut que les autres, porte un signal ferroviaire (SNCF type A) tourné vers la rue. À la fin des travaux, le nouvel escalier de la rue de Saussure terminé, il est prévu de démonter l’actuel escalier métallique installé de l’autre côté de la rue.
Ce reportage de François Godard décrit les travaux des aménagements réversibles mis en place pour la promenade dans le 17e arrondissement.
Tronçon du 20e arrondissement (PC20)
Ce tronçon représente une longueur de 218 mètres. Il s’articule autour de la fameuse passerelle de la rue de la Mare, dont voici une vue. Il occupe le site de l’ancienne station de Ménilmontant, visible dans ce film.
Depuis l’été 2016, ce tronçon est occupé par l’un des chantiers participatifs mis en place par la Ville de Paris. Le site a donc déjà été partiellement aménagé dans le cadre de ce chantier.
Une association d’habitants du quartier, « la Petite Culture », utilise une partie de la plate-forme pour du jardinage (voir le film ci-dessous).
L’aménagement prévu par la Ville est léger. Il consiste principalement à installer un escalier au niveau de la rue de la Mare coté banlieue, à installer une rampe d’accès pour les personnes en fauteuil roulant du côté de l’église Notre-Dame-de-la-Croix, à rénover l’ancien escalier du sentier de la station donnant sur la rue de Ménilmontant et à remplacer des clôtures. La Ville de Paris n’envisage pas d’installer d’ascenseur pour des raisons de coûts d’installation et de maintenance (voir dans l’article de 20 Minutes de janvier 2017 consacré au vandalisme sur le tronçon aménagé du 15e le coût de maintenance en 2015 : 30 000 Euros/an). L’accessibilité pour les personnes en fauteuil roulant est assurée par la création d’une rampe d’accès depuis la rue de la Mare, ce site étant l’un des rares endroits de la Petite Ceinture où la plate-forme de celle-ci est au niveau de la rue.Il est prévu de recouvrir la voie intérieure d’une grave afin de faciliter la promenade, comme cela est fait sur le tronçon du 15e arrondissement ouvert au public depuis 2013. Aujourd’hui déjà, les entrées des tunnels qui encadrent ce tronçon sont fermées depuis plusieurs années par des portails posés par la SNCF.
Voici les détails du plan de masse de cet aménagement. Il ne permet pas de voir si les installations existantes, notamment les plantations, sont conservées et si oui, comment.
Ce reportage de François Godard, tourné en octobre 2018, porte sur les aménagements réversibles mis en place pour la promenade ouverte le 5 novembre 2018 à Ménilmontant. Bruno Bretelle présente le site, son histoire, les travaux d’aménagements entrepris, et rappelle qu’une circulation ferroviaire, par exemple d’un train de découverte, reste possible sur la voie extérieure de la ligne qui n’a pas été recouverte de grave (mélange de sable et de graviers).
Planning des travaux et des ouvertures
Sur son site, la Ville de Paris annonce les dates suivantes d’ouverture au public pour les quatre tronçons concernés. Nous y ajoutons dans la liste qui suit les tronçons déjà ouverts :
- Tronçon du 12e arrondissement : ouverture annoncée pour le samedi 17 août 2019 ;
- Tronçon du 13e arrondissement : ouvert en 2016 ;
- Tronçon du 14e arrondissement : annoncé pour août 2019 ;
- Tronçon du 15e arrondissement : ouvert en 2013 ;
- Tronçon du 16e arrondissement (Sentier Nature) : ouvert en 2007. Ouverture du prolongement le long du boulevard Montmorency annoncée pour août 2019 ;
- Tronçon du 17e arrondissement (tranchée du boulevard Pereire) : ouvert fin juillet 2019- ;
- Tronçon du 20e arrondissement : ouvert le 5 novembre 2018.
Concernant les travaux, ceux-ci devraient commencer mi-mai 2018 sur les quatre tronçons. Il devraient être terminés début septembre 2018 pour les tronçons des 14e, 17e et 20e arrondissements. Pour le tronçon du 12e arrondissement, les travaux devraient être terminés début janvier 2019 entre la rue de Charenton et l’avenue Daumesnil et début mai 2019 entre l’avenue Daumesnil et l’avenue de Saint-Mandé.
Les travaux devant commencer bientôt, la Ville de Paris devrait d’ici peu organiser des réunions d’information, et plus généralement, communiquer sur le sujet. Quant au 19e arrondissement, si nous n’en avons pas parlé, c’est simplement parce qu’aucune ouverture à court terme ne devrait avoir lieu (accéder à cet article à ce sujet sur notre site).
Première édition : 24 février 2018. Dernière révision le 1er août 2019.
Par Petite Ceinture Info le 9 février 2018