Associer promenade et exploitation ferroviaire sur la Petite Ceinture


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Grillage fermant la promenade de la rue Curial dans le 19e arrondissement
L’ouverture de promenades sur la Petite Ceinture provoque un effet de tronçonnage et de fermeture de la plate-forme. Extrait du film La Petite Ceinture atout capital pour Paris.
François Godard

Dans notre article concernant le bilan du projet de promenade sur la Petite Ceinture mené par la Mairie de Paris entre 1995 et 2020, nous avons vu que cette dernière, suite au rejet politique du projet de société commerciale de type SAS en septembre 2018, manque de financements complémentaires pour poursuivre l’effort important qui s’est traduit par l’ouverture d’environ 4,7 km de promenades pendant la mandature 2014-2020.

Par ailleurs, dans notre article consacré au coût de remise en état de la Petite Ceinture pour une exploitation ferroviaire, nous avons pu constater que le coût de l’utilisation d’une seule voie pour du transport de marchandises en semaine est équivalent à celui de l’aménagement du Bloomingdale Trail de Chicago, autour de 20 millions d’Euros.

Ce double constat soulève la question suivante : ne serait-il pas possible d’envisager l’association sur la Petite Ceinture d’une promenade piétonne et d’une exploitation ferroviaire ?

 L’activité ferroviaire pour ouvrir des promenades

L’avantage pour l’aménagement de promenade est qu’une partie de son coût pourrait ainsi être prise en charge par les travaux de rénovation de la plate-forme et des ouvrages d’art, particulièrement les ponts-rails métalliques datant de la Belle Époque, nécessaires pour le retour d’une exploitation ferroviaire.

Il deviendrait ainsi envisageable d’ouvrir des promenades sur des sections très coûteuses à aménager, comme celle du 19e arrondissement encadrant le canal de l’Ourcq, qui comporte de nombreux ponts-rails métalliques et dont nous présentons les difficultés d’aménagement dans notre article consacré au coût d’une promenade sur la Petite Ceinture.

En quelque sorte, l’exploitation ferroviaire se substituerait au projet de société commerciale de type SAS, abandonné en septembre 2018, pour apporter des sources complémentaires de financement pour l’aménagement de nouvelles promenades.

Cette association d’une promenade et d’une exploitation ferroviaire sur la Petite Ceinture est justement étudiée dans une étude de l’APUR réalisée en collaboration avec Réseau Ferré de France et publiée en 2006. Cette étude, intitulée « Des projets d’aménagement pour la Petite Ceinture – Réflexions » [1], évoque un scénario « d’aménagements en gestion partagée dans le temps (promenades, train logistique ou touristique) » qui permet de concilier les circulations de trains de fret ou touristiques avec une promenade piétonne.

 Conditions d’exploitation

Vue du caillebotis métallique équipant le pont de l’avenue Daumesnil
La caillebotis installé sur la voie extérieure (à gauche) laisse un espace suffisant le long des rails pour la circulation d’un engin ferroviaire.
Bruno Bretelle

Cette étude propose de partager la plate-forme de la Petite Ceinture :

  • Dans l’espace, en utilisant une seule voie pour les circulations ferroviaires,
  • Dans le temps, en réalisant des circulations ferroviaire le matin et en ouvrant la plate-forme à la promenade l’après-midi par exemple.

Sur les promenades déjà ouvertes dans les 19e, 20e et 12e arrondissements, la voie extérieure, c’est à dire situé côté banlieue, est aménagée pour permettre la circulation d’un engin ferroviaire.

Une simple clôture basse permettrait de séparer le cheminement piéton de la voie ferrée, comme cela est fait en Grande Bretagne sur le Bristol & Bath Railway Path et sur des sections de lignes ferroviaires en France.

Pour des questions de sécurité, il n’y aurait pas d’usages simultanés. Autrement dit, selon les horaires, la Petite Ceinture serait soit réservée à la circulation des trains, soit ouverte aux promeneurs.

La vitesse envisagée est de 10 km/h.

Outre un service de marchandises la matin en semaine, des circulations de trains touristiques pourraient être exploitées sur la voie rénovée, ce qui stimulerait le développement d’activités le long de la Petite Ceinture et des promenades ouvertes.

 Obstacles à surmonter

Locotracteur électrique à accumulateurs AEG de 1930 à la Plaine-Saint-Denis
La traction électrique sur batteries n’est pas une nouveauté ! Source : Wikipedia.
Wikipedia

Un tel projet présente l’intérêt de permettre l’acheminement des marchandises directement dans Paris et d’y transborder le fret pour faire le dernier kilomètre en camion léger ou en vélo-cargo, afin de réduire le nombre de circulations de camions dans Paris et sa proche banlieue.

Néanmoins, de nombreuses difficultés restent encore à résoudre fin 2020 pour le mettre en œuvre : il faut éviter que les contraintes d’exploitation soient trop nombreuses pour dissuader des chargeurs d’utiliser cette solution et il faut trouver des clients.

Les transformations profondes provoquées par les conséquences de la gestion de la crise sanitaire depuis 2020, ainsi que les enjeux environnementaux et énergétiques actuels, pourraient être l’occasion de réexaminer ce projet.

Mais même si ce projet d’exploitation d’un transport de marchandises ne peut aboutir à court terme, un projet de circulations d’un train touristique peut malgré tout être envisagé. Nous vous présentons les modalités d’exploitation de ce projet de train touristiques dans un autre article.


[1Des projets d’aménagement pour la Petite Ceinture – Réflexions, Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR), Mars 2006, page 14.

Par Petite Ceinture Info le 7 février 2021